FOUAD

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Fouad est l'une des deux nouvelles fouilles de sauvetage entreprises en 2000 par le CEA au coeur d'Alexandrie. Elle est située sur le site de l'ancien patriarcat grec orthodoxe entre l'église Saint-Sabba et la rue Fouad, c'est-à-dire à proximité de l'ancienne Voie canopique. Si l'on se fie à Strabon l'axe antique était deux fois plus large que la rue moderne; il est permis d'espérer en retrouver un tronçon, peut-être les portiques qui la bordaient.

Vue de la partie nord du chantier (juin 2001)

Cette parcelle de 2595 m2, appartenant au Patriarcat grec orthodoxe, est occupée par un garage sur un niveau, au nord, et par un bâtiment du XIXème siècle dans toute sa partie sud. Ce bâtiment, dont tous les étages supérieurs ont été détruits, continue à être occupé au rez-de-chaussée par divers commerces. Tous les déblais de destruction des parties supérieures étaient restés en place (2300 m3). Les travaux ont commencé en novembre 1999. Dans un premier temps, l'activité du chantier s'est concentrée sur l'aménagement du terrain : abattage des murs qui bordaient la zone de fouille, aménagement de locaux pour le traitement du mobilier archéologique, évacuation des déblais, etc. La fouille proprement dite a débuté le 1er mars 2000, dans la zone nord de la parcelle, à l'emplacement du garage.

Après destruction de la dalle du garage et enlèvement de la couche de remblai sous-jacente, une surface correspondant à un jardin a été mise au jour. Ce jardin, indiqué sur les cartes du XIXème siècle, était compris dans l'enceinte de l'église Saint-Sabba, encore en activité aujourd'hui. Il recouvrait différents remblais, témoins d'une destruction partielle des niveaux antérieurs et d'une longue phase d'abandon sous lesquels est apparu un niveau de sol pavé (alternance de pierres calcaires et de fragments de marbre bleu ou blanc) associé à des espaces d'habitat délimités par des sols et des murs (chronologie : époque médiévale). Ce sol était installé sur un réseau de canalisation (au moins deux états de construction) en rapport avec une citerne.

Deux grandes phases se distinguent aujourd'hui séparées par une accumulation de couches de remblais qui peuvent détenir des témoins épars d'une occupation. La phase la plus récente se remarque, dans la partie nord-ouest et sud-ouest du terrain et révèle l'importance de l'utilisation de l'eau. En effet, sur cette surface de fouille modeste (680 m2), la mise au jour de deux bassins, trois citernes, trois puits, deux réseaux de canalisations montre la nécessité, pour les populations, de rechercher et de conserver l'eau. Les structures hydrauliques jouent un rôle essentiel dans l'organisation des aménagements associés (unités d'habitat et/ou artisanales définies par des sols en mortier de chaux, un sol pavé et des élévations de murs en petit appareil). La phase la plus ancienne dans la partie nord-est et sud-est du terrain montre pour le moment des aménagements en dur en mauvais état de conservation. Vestiges d'élévation de murs, lambeaux de seuil, de sols, nombreux îlots de démolition, sont les composantes de la partie supérieure de cette phase. Des traces de fantômes de murs en relation avec ces éléments détruits commencent à apparaître.

Ce riche potentiel archéologique oriente la recherche dans deux directions suivies parallèlement.

  • Sur le terrain, il s'agit, tout d'abord d'appréhender ces vestiges de façon globale en étudiant les techniques de construction, en restituant les orientations des structures découvertes et en observant les liens stratigraphiques les unissant. Ce travail permettra de cerner l'évolution des constructions publiques ou privées et contribuera par la suite, avec les résultats obtenus sur d'autres fouilles limitrophes (chantiers de Lux, du Billiardo Palace, du cinéma Majestic, de Kom ed Dikka), à une synthèse plus pertinente dans la compréhension de l'urbanisme du quartier. A ce jour, une fouille fine est menée dans la partie est du terrain afin d'obtenir un plan cohérent des vestiges, alors que dans la partie ouest, le démontage des citernes continue.
  • Dans le même temps que la fouille, le traitement du matériel a été mis en place : du lavage à l'informatisation, en passant par le marquage et le conditionnement. L'aménagement de locaux à cet effet sur le site même de la fouille, permet un suivi quotidien et régulier du mobilier archéologique. Une base de donnée, mise à jour au fur et à mesure des découvertes, facilite le regroupement et la conservation des informations primordiales liées à l'objet (ou au lot d'objets) : contexte de fouille, catégorie et éventuelles précisions, nature du conditionnement et lieu de conditionnement. Cette base, qui devra être enrichie par les études futures menées par les divers intervenants sur le matériel, sera elle-même liée, lors du post-fouille, aux données de terrain, facilitant ainsi la mise en relation de tous les éléments issus d'une fouille.

Les objectifs d'une telle fouille

La découverte de séquences stratigraphiques médiévales en place (sols, murs) est déjà un élément important : les données correspondant à cette période sont essentiellement littéraires. La découverte de structures hydrauliques (citerne, réseau de canalisation) et leur situation stratigraphique apporteront des données supplémentaires pour la compréhension du système d'alimentation en eau d'Alexandrie à toute période. La proximité de la Voie canopique nous permet d'espérer, en atteignant les niveaux hellénistiques, de mettre au jour des éléments liés à cette voie: Alexandrie, ville conçue par les urbanistes grecs, est-elle le reflet des autres villes hellénistiques, ou est-elle le point de départ d'une certaine conception de l'urbanisme? A ce jour, le mobilier est conséquent, toutes époques confondues. Dans cet ensemble, on peut citer certains éléments remarquables : intailles en jaspe, bague en or, fragment de mosaïque et une quantité de tessons de céramique médiévale et de pipes. Les études du matériel des couches en place apporteront des éléments de datation fiables.

Marie Jacquemin et Francis Choël (octobre 2001)

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Intaille magique

Sur la face avant une divinité protectrice, sur la face arrière une formule magique

IIème siècle ap.J.-C.

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Elément d'une mosaïque de sol représentant un oiseau.

IIème siècle ap.J.-C.

Pipe en terre cuite

Décor côtelé

Epoque ottomane

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Bague en or

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