TOPOGRAPHIE ET URBANISME

Système Hydraulique et Citernes

L’approvisionnement en eau, qui a toujours représenté le souci majeur lors de l’installation d’une ville, a certainement eu une place considérable dans la construction de la ville d’Alexandrie et lors de ses aménagements ultérieurs.

Alors que les ingénieurs de la Description de l’Égypte dénombrent cinq aqueducs souterrains et plus de 400 citernes, que l’on comptait jusqu’à 700 citernes moins d’un siècle plus tard et que ces monuments souterrains faisaient l’objet constant de l’admiration des voyageurs des siècles passés, l’on ne connaissait plus qu’une seule citerne à Alexandrie il y a une dizaine d’années.

Grâce à la découverte de deux séries d’archives, le dossier a pu être repris avec de nouveaux arguments. Depuis 1996, Isabelle Hairy et Yves Guyard, co-responsables de l’étude des citernes et du système hydraulique de la ville, travaillent à l’établissement d’une géographie et d’une typo-chronologie des citernes. Des levés précis ouvrant sur des propositions de mise en valeur pour la conservation de ces monuments imposants ont fait l’objet de stages d’architectes DPLG.

Conjointement, les éléments architecturaux remployés dans les maçonneries sont dessinés dans le détail, car là réside une richesse archéologique non négligeable. Nombreuses sont les citernes présentant des colonnes, bases et chapiteaux provenant d'anciens édifices alexandrins. L'étude systématique de ces éléments offre un double avantage : une date avant laquelle la citerne n'a pu être construite, un échantillon d'éléments diachroniques appartenant au paysage de l'Alexandrie antique.

Cette entreprise d’envergure nécessitera encore plusieurs années de travail.

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Citerne El Sahrig el-Nabih
Cliché André Pelle
© CEA

La citerne El Sahrig el-Nabih

Située sous les jardins du Shallalat au pied des anciennes fortifications touloûnides de la ville (début du IXe siècle), la citerne El-Nabih est à l’heure actuelle la seule citerne ouverte au public à Alexandrie.

Des rares citernes connues, elle en est le fleuron. Il s'agit d'une excavation quadrangulaire d'une capacité d’un peu plus de mille mètre cubes. Un puits d'accès semi-circulaire implanté en angle permettait d'effectuer le curage et l'entretien annuel de la citerne. Bâtie sur 3 niveaux, elle présente 48 supports verticaux constitués de remplois de diverses pièces architecturales (colonnes fragmentaires, chapiteaux, bases de colonnes, …) entretoisées par des arcs surbaissés. Le relevé a mis en évidence la section trapézoïdale des murs couverts par un enduit de tuileau, ainsi que la présence d'une canalisation de trop plein destinée à rejeter le surplus d'eau dans le réseau. La canalisation d'adduction dont nous avons retrouvé la trace a malheureusement été malmenée par une restauration effectuée dans les années 1950. Cette restauration a notamment transformé plus de la moitié des voûtes d'arête en voûtes en berceau. L’état antérieur nous est connu grâce aux dossiers de A. Kamil datant de 1896. L'inclinaison de certaines colonnes, ainsi que la déformation des arcs témoignent du passé tellurique mouvementé de la ville.